Extrait: ...et, bien qu'elle eut vingt ans de moins que lui, il se confiait a elle comme a un directeur de conscience, et suivait en tout ses conseils. Elle n'avait jamais ete jolie; elle etait laide maintenant, de petite taille et maigrelette. L'inhabilete de sa veture avait toujours fait disparaitre ses faibles attributs feminins qui auraient du saillir avec art sous un habillage bien entendu. Ses jupes semblaient sans cesse tournees d'un cote; et elle se grattait souvent, n'importe ou, avec indifference du public, par une sorte de manie qui touchait au tic. Le seul ornement qu'elle se permit consistait en une profusion de rubans de soie entremeles sur les bonnets pretentieux qu'elle avait coutume de porter chez elle. Aussitot qu'elle apercut son mari, elle se leva, et, l'embrassant sur ses favoris: -As-tu pense a Potin, mon ami? (C'etait pour une commission qu'il avait promis de faire.) Mais il tomba atterre sur un siege; il venait encore d'oublier pour la quatrieme fois: -C'est une fatalite, disait-il, c'est une fatalite; j'ai beau y penser toute la journee, quand le soir vient j'oublie toujours. Mais comme il semblait desole, elle le consola: -Tu y songeras demain, voila tout. Rien de neuf au ministere? -Si, une grande nouvelle: encore un ferblantier nomme sous-chef. Elle devint tres serieuse: -A quel bureau? -Au bureau des achats exterieurs. Elle se fachait: -A la place de Ramon alors, juste celle que je voulais pour toi; et lui, Ramon? a la retraite? Il balbutia: -A la retraite. Elle devint rageuse, le bonnet partit sur l'epaule: -C'est fini, vois-tu, cette boite-la, rien a faire la dedans maintenant. Et comment s'appelle-t-il, ton commissaire? -Bonassot. Elle prit l'Annuaire de la marine, qu'elle avait toujours sous la main, et chercha: Bonassot.-Toulon.-Ne en 1851.-Eleve-commissaire en 1871, Sous-commissaire en 1875. -A-t-il navigue, celui-la? A cett