Ce volume reunit les trois tragedies, integralement conservees, composees apres l'Ecerinis d'Albertino Mussato (1315). Antonio Loschi, Gregorio Correr et Leonardo Dati partagent la meme conception du tragique heritee de Seneque (1-65). Les crimes de la Guerre Civile de Lucain (39-65) et des Tragedies de Seneque avaient deja inspire Albertino Mussato. Pour batir sa tragedie sur la mort d'Achille (Achilles, vers 1390), Antonio Loschi continue de s'inspirer des tragedies senequiennes, mais il renouvelle son inspiration en multipliant les emprunts a d'autres modeles, de l'Antiquite, du Moyen Age et du premier humanisme italien. Gregorio Correr emprunte au livre VI des Metamorphoses d'Ovide (43 av. J.-C.-18 ap. J.-C.), mais aussi a Seneque et a Boccace (1315-1375), un nouveau modele d'horreur tragique pour composer sa Progne en 1426-1427. Enfin Leonardo Dati, entre 1440 et 1442, reprend a la Guerre de Jugurtha de Salluste (86-34) l'episode de l'assassinat d'Hiempsal pour composer la tragedie qui porte le nom de ce heros (Hiensal). Dans ces trois tragedies, des femmes commettent un sacrilege pire que ceux commis par des princes sanguinaires. Hecube ourdit la mort d'Achille en attirant celui-ci dans un guet-apens (dans l'Achilles d'Antonio Loschi) Procne immole son fils et le sert en guise de diner a son epoux, le roi de Thrace Teree, pere de l'enfant (dans Progne de Gregorio Correr) Inuidia, allegorie de l'Envie, attise la haine entre les heritiers du royaume de Numidie pour obtenir la mort d'Hiempsal (dans Hiensal de Leonardo Dati). Richement documente, ce volume insiste sur les renouvellements, autant dans la forme que dans l'inspiration, de la tragedie latine entre 1390 et 1442 et sur la theatralite de pieces qui, meme si elles n'etaient pas destinees a la scene, multiplient les effets dramatiques spectaculaires.