Extrait: ...devant des interets plus generaux et plus importants. Louis XI luttait pour briser l'orgueil et reduire le pouvoir de son insolent vassal; Richelieu... Dirons-nous qu'il lutte pour briser le grand ecuyer? Tout le roman, au contraire, et par une incroyable maladresse de l'auteur, ne donne-t-il pas l'impression d'un geant qui ecrase un pygmee, dedaigneusement? Mais acceptons la situation telle que Vigny nous la presente. Il a cru pouvoir symboliser dans la conjuration de Cinq-Mars toutes les autres conjurations que le systeme politique du cardinal ministre a fait se former contre lui; ce ne serait pas le droit de l'historien, c'est celui du poete. Bien plus, supposons a M. le Grand toutes les qualites dont voudrait l'enrichir notre romancier; qu'il soit comme l'ame de la noblesse tout entiere, fremissante d'indignation de se voir humiliee, et quelquefois decapitee, par un cardinal, par un homme d'Eglise; en un mot, faisons de lui le digne adversaire de Richelieu: quel drame Et le beau sujet Trois acteurs seulement qui remplissent la scene: Richelieu, Louis XIII et M. le Grand; le reste ecoute et regarde, et joue tout au plus le meme role que le choeur antique au theatre d'Athenes. G. Planche a raison. C'est le fond meme de Quentin Durward; fond tragique, sujet grandiose, d'ou pouvait sortir un chef-d'oeuvre. Vigny ne l'a pas fait; peut-etre ne pouvait-il pas le faire. Il avait au moins le merite d'indiquer le chemin qui conduisait aux chefs-d'oeuvre; et la premiere conquete du roman historique en France, comme son premier pas vers l'organisation forte et definitive, c'est a Cinq-Mars qu'il faut en rapporter l'honneur. Mais, nous l'avons vu, des intrigues et des passions politiques supposent plus de deux personnages, une conjuration exige des conjures, et voila du meme coup le cadre et le milieu constitues. Il y avait, autour de Cedric, son fils, lady Rowena, Athelstane, Richard, Frere Tuck, Locksley, ...