Extrait: Je sors d'une maison illustre en France et ancienne en Italie. Le jour de ma naissance, on prit un esturgeon monstrueux dans une petite riviere qui passe sur la terre de Montmirail, en Brie, ou ma mere accoucha de moi. Comme je ne m'estime pas assez pour me croire un homme a augure, je ne rapporterais pas cette circonstance, si les libelles qui ont depuis ete faits contre moi, et qui en ont parle comme d'un pretendu presage de l'agitation dont ils ont voulu me faire l'auteur, ne me donnaient lieu de craindre qu'il n'y eut de l'affectation a l'omettre. Je communiquai a Attichy, frere de la comtesse de Maure, et je le priai de se servir de moi la premiere fois qu'il tirerait l'epee. Il la tirait souvent et je n'attendis pas longtemps. Il me pria d'appeler pour lui Melbeville, enseigne-colonel des gardes, qui se servit de Bassompierre, celui qui est mort, avec beaucoup de reputation, major general de bataille dans l'armee de l'Empire. Nous nous battimes a l'epee et au pistolet, derriere les Minimes du bois de Vincennes. Je blessai Bassompierre d'un coup d'epee dans la cuisse et d'un coup de pistolet dans le bras. Il ne laissa pas de me desarmer, parce qu'il passa sur moi et qu'il etait plus age et plus fort. Nous allames separer nos amis, qui etaient tous deux fort blesses. Ce combat fit assez de bruit; mais il ne produisit pas l'effet que j'attendais. Le procureur general commenca des poursuites; mais il les discontinua a la priere de nos proches; et ainsi je demeurai la avec ma soutane et un duel. La mere s'en apercut; elle avertit mon pere, et l'on me ramena a Paris assez brusquement. Il ne tint pas a moi de me consoler de son absence avec Mme du Chatelet; mais comme elle etait engagee avec le comte d'Harcourt, elle me traita d'ecolier, et elle me joua meme assez publiquement sous ce titre, en presence de M. le comte d'Harcourt. Je m'en pris a lui; je lui fis un appel a la Comedie. Nous nous battimes, le lendemain au matin, au-dela du faubourg Saint-Marcel. Il