Extrait: ...recommencer. C'etait un desir croissant, une passion envahissante. Tout en conduisant ses betes, il se demandait pourquoi il n'irait pas carrement chez les Buteau reclamer Francoise en mariage. Rien encore ne l'avait fache avec eux d'une facon ouverte et definitive. Il leur criait toujours un bonjour en passant. Et, des que cette idee de mariage lui eut pousse comme le seul moyen de ravoir la fille, il se persuada que son devoir etait la, qu'il serait un malhonnete homme, s'il ne l'epousait point. Pourtant, le lendemain matin, lorsque Jean retourna a la machine, la peur le prit. Jamais il n'aurait ose risquer la demarche, s'il n'avait vu Buteau et Francoise partir ensemble pour les champs. Il songea que Lise lui avait toujours ete favorable, qu'il tremblerait moins avec elle; et il s'echappa un instant, apres avoir confie ses chevaux a un camarade. -Tiens, c'est vous, Jean, cria Lise, relevee gaillardement de ses couches. On ne vous voit plus. Qu'arrive-t-il? Il s'excusa. Puis, en hate, avec la brutalite des gens timides, il aborda la chose; et elle put croire d'abord qu'il lui faisait une declaration, car il lui rappelait qu'il l'avait aimee, qu'il l'aurait eue volontiers pour femme. Mais, tout de suite, il ajouta: -Alors, c'est pourquoi j'epouserais tout de meme Francoise, si on me la donnait. Elle le regarda, tellement surprise, qu'il se mit a begayer. -Oh je sais, ca ne se fait pas comme ca.... Je voulais seulement vous en parler. -Dame repondit-elle enfin, ca me surprend, parce que je ne m'y attendais guere, a cause de vos ages.... Avant tout, faudrait savoir ce que Francoise en pense. Il etait venu avec le projet formel de tout dire, dans l'espoir de rendre le mariage necessaire. Mais un scrupule, au dernier moment, l'arreta. Si Francoise ne s'etait pas confessee a sa soeur, si personne ne savait rien, avait-il le droit de parler le premier? Cela le decouragea, il eut honte, a...