Extrait: J'ecris ceci cent trente-quatre ans apres que Gomer, fils de Judicael et petit-fils de Fergan, esclave comme son pere et son grand-pere, ecrivait a son fils Mederik qu'il n'avait a ajouter que le monotone recit de sa vie d'esclave a l'histoire de notre famille. Mederik, mon aieul, n'a rien ajoute non plus a notre legende; son fils Justin y avait fait seulement tracer ces mots par une main etrangere: - Mon pere Mederik est mort esclave, combattant, comme Enfant du Gui, pour la liberte de la Gaule. Moi, son fils Justin, colon du fisc, mais non plus esclave, j'ai fait consigner ceci sur les parchemins de notre famille; je les transmettrai fidelement a mon fils Aurel, ainsi que la faucille d'or, la clochette d'airain, le morceau de collier de fer et la petite croix d'argent, que j'ai pu conserver. - Aurel, fils de Justin, colon comme son pere, n'a pas ete plus lettre que lui; une main etrangere avait aussi trace ces mots a la suite de notre legende: - Ralf, fils d'Aurel, le colon, s'est battu pour l'independance de son pays; Ralf, devenu tout a fait libre par la force des armes gauloises, a ete aussi oblige de prier un ami de tracer ces mots sur nos parchemins pour y constater la mort de son pere Aurel. Mon fils Scanvoch, plus heureux que moi, pourra, sans recourir a une main etrangere, ecrire dans nos recits de famille la date de ma mort, a moi, Ralf, le premier homme de la descendance de Joel, le brenn de la tribu Karnak, qui ait reconquis une entiere liberte. - Moi, donc, Scanvoch, fils d'Aurel, j'ai efface de notre legende et recit moi-meme les lignes precedentes, jadis tracees par la main d'autrui, qui mentionnaient la mort et les noms des nos aieux, Justin, Aurel, Ralf. Ces trois generations remontaient a Mederik, fils de Gomer, lequel etait fils de Judicael et petit-fils de Fergan, dont la femme Genevieve a vu mettre a mort, en Judee, Jezus de Nazareth, il y a aujourd'hui deux cent soixante-quatre ans. Mon pere Ralf m'a aussi remis nos saintes reliques a no