Extrait: ...aigre, qui de Bulgarie est devenu la nourriture de tous les Balkans; les boeufs sont utilises presque uniquement comme animaux de trait et, seul, le mouton est tue dans les grandes occasions, aux fetes qui sont jours de debauches carnees. De la sorte le paysan vit de lui-meme et sur lui-meme; il demande seulement le respect de ce qu'il considere comme ses droits. Dans l'Albanie du Centre et du Sud, ces droits sont beaucoup moins etendus que dans le Nord; la contree plus ouverte, les vallees d'acces facile, le mouvement d'echange et le passage continuel de l'est a l'ouest ont depuis longtemps permis l'installation d'une domination turque qui n'etait pas, comme dans les montagnes du nord, purement nominale; partout la Porte maintenait des fonctionnaires qui, pour etre souvent des Albanais, n'en etaient pas moins ses agents, serviteurs obeissant au mot d'ordre de Constantinople. Sans doute l'action du pouvoir s'est toujours exercee avec une certaine circonspection et, dans les cas delicats, la Sublime Porte usait du procede d'exciter les uns contre les autres les elements de la population pour ne pas permettre une action concertee contre son autorite; les monopoles, comme celui du tabac, etaient presque inobserves partout; chaque paysan conservait ses armes dans sa demeure, toutes pretes au premier signal; mais, sauf dans la montagne, les deux marques de la souverainete se retrouvaient: le paiement de la dime et l'acceptation du service militaire. Le paysan de ces contrees a donc le respect de l'autorite gouvernementale; mais il y joint un sens tres vif de sa nationalite: constitution ou ancien regime, autonomie ou independance, tous ces mots n'ont pas grand sens a ses oreilles; musulman hospitalier, mais tres pieux, il exige le respect exterieur des choses de son culte; tolerant pour une religion differente, il lui serait insupportable d'etre soumis a des maitres etrangers; il n'a pas la passivite du...